lun. 9 janv. 2023

Polyhandicap : le no-code pour créer des outils numériques adaptés

Polyhandicap : le no-code pour créer des outils numériques adaptés

Ce mois-ci, nous avons eu le bonheur d’échanger avec Sonia Garcia et Clarisse Cresson, deux enseignantes spécialisées dans l’accompagnement d’élèves polyhandicapés. Depuis le confinement, elles créent en toute autonomie avec PandaSuite des outils numériques adaptés aux besoins de leurs élèves. Développement de l’attention, meilleure acquisition des compétences, renforcement des liens familiaux… elles constatent jour après jour les bénéfices de l’utilisation des écrans et militent pour le développement des pratiques numériques dans l’enseignement !

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Avant tout, comment définir le polyhandicap ? Il s’agit de “jeunes qui allient des déficiences cognitives, moteurs et sensorielles et qui sont dépendants d’une aide humaine et technique”. Ces élèves sont accueillis pour un enseignement sur-mesure et individualisé que ce soit au sein d’un institut médico-éducatif (IME) ou d’une UEEP (Unité d'Enseignement Externalisée Polyhandicap).

Sonia Garcia et Clarisse Cresson connaissent bien les besoins de ces élèves : elles travaillent dans le handicap depuis plus de 10 ans et environ 7 ans auprès des jeunes polyhandicapés en Seine Saint Denis. Leurs élèves sont âgés de 3 à 22 ans !

Passionnées et investies, ces enseignantes spécialisées sont toujours à la recherche de nouvelles manières de travailler et n’ont pas peur de relever des challenges ! En effet, dans le polyhandicap, la littérature pédagogique est quasi inexistante et les moyens sont limités. Alors, pour répondre aux besoins spécifiques de leurs élèves, elles se réunissent au sein d’un collectif Polyhandicap 93, se forment à PandaSuite, s’équipent avec des tablettes et développent leurs propres applications sur-mesure !

Accompagner les parents durant le Covid

Tout commence lors du confinement de mars 2020. Comme les autres établissements, les instituts médico-sociaux ferment leurs portes et les enfants se retrouvent à la maison. Les parents les contactent, démunis : ils sont à la recherche d’activités pour occuper leurs enfants et poursuivre les apprentissages à la maison. Quelles solutions leur apporter à distance ?

Elles constatent que si beaucoup de familles n’ont pas d’ordinateur, elles ont toutes un téléphone ! L’idée vient de créer des applications mobiles à destination des parents pour partager le vocabulaire de base, les rituels…

Cela fait longtemps qu’elles s’intéressent à PandaSuite. Sonia a connu l’entreprise à ses débuts et séduite par la promesse de créer des applications sans ligne de code, a participé avec toute l’équipe à un atelier de découverte “par curiosité”. Alors quand le besoin émerge, elle pense tout de suite à PandaSuite et se forme en toute autonomie. Elle contacte l’équipe pour pouvoir expérimenter sans contraintes et partage les apps réalisées via QR code aux parents.

Les parents pouvaient faire la date chaque matin : “Aujourd’hui nous sommes le lundi”, en appuyant sur le lundi. C’était un petit rituel de 15 min le matin avec leur enfant“. Ces applications toutes simples s’adaptent au profil de chaque enfant, du plus entravé à celui qui sait pointer et utiliser le téléphone seul.

L’app permet aux parents de reproduire le rituel du matin, pendant le confinement.

C’est un grand succès et les familles sont ravies.

Attirer via les écrans et développer les compétences

C’est le déclic ! Maintenant que Sonia et Clarisse connaissent mieux PandaSuite, elles décident de créer pour les élèves et utilisent les supports en classe sur des tablettes qu’elles arrivent à se procurer.

Les écrans séduisent immédiatement les élèves : “Quelque soit le handicap, le TSA ou trouble cognitif léger ou sévère, nous nous sommes rendues compte qu’il se passe quelque chose avec le numérique, les enfants sont attirés par les tablettes, par les écrans, ils ont envie de regarder, de toucher. On s’est servis de ça pour les faire travailler.

Chez les élèves polyhandicapés, l’apprentissage porte sur les prémices du développement cognitif : la poursuite oculaire, la cause à effet, le pointage.. “Pour les tout petits, il ne faut pas d’écran mais eux ont des compétences de tout petits et ont besoin d’écrans.

Le premier exercice que Clarisse produit avec PandaSuite, c’est un objet qui change de place avec un petit son. “Là je me suis rendue compte qu’une élève le suivait des yeux, elle bougeait la tête et c’était pertinent qu’elle suivait l’objet. Ensuite, toucher avec les doigts était trop compliqué donc on a utilisé un stylet en lui tenant la main. Avec le stylet, elle a commencé à pointer. C’est comme ça que nous avons compris qu’elle pouvait pointer.

L’intérêt des enfants pour les écrans leur permet de travailler efficacement
L’intérêt des enfants pour les écrans leur permet de travailler efficacement

Elle créé également des comptines, pour travailler le “stop” et le “encore”. Ces mots qui font partie du vocabulaire de base permettant de communiquer avec les élèves : stop, encore, manger, boire, toilettes… “J’ai le souvenir d’une élève qui anticipait : quand on appuyait sur la comptine, la comptine démarrait puis quant on re-appuyait ça s’arrêtait. Au bout d’un moment elle était morte de rire, elle anticipait parce que ça la faisait beaucoup rire. Par cette application, elle a compris le “stop” et le “encore”. Et qu’on peut réutiliser dans la vie quotidienne. C’est assez fabuleux.”

Pour travailler le suivi oculaire, Sonia demande aux familles d’envoyer des photos d’eux qu’elle incorpore dans l’application. “Quand l’enfant regardait le papa ou la maman, il y avait le son qui se déclenchant en cliquant sur la photo : “Bonjour, c’est Papa” ou “Bonjour, c’est Maman” ! Grâce à l’application, les parents se sont rendus compte que les enfants regardaient la tablette et suivait les photos. Il y avait des sourires, il y avait des vocalises. Les parents étaient ravis, parce qu’il s’agissait d’une activité à partager avec leurs enfants.”

Dans le polyhandicap, l’enjeu c’est souvent la proximité de la tablette ou du téléphone : “Nos élèves ont souvent des troubles visuels, moteurs importants et des troubles de l’attention, il y a besoin de cette proximité. Via PandaSuite vu que l’application est disponible sur tablette et sur téléphone, on enlève la contrainte de la distance de l’écran. Il y a également une réponse spontanée en cliquant sur la tablette plutôt que l’écran qui est plus loin”

Exercices pour pointer, faire un choix, désigner

Lorsque les enfants ne sont pas en capacité d’appuyer sur la tablette, elles font appel à une aide humaine et se concentrent sur la poursuite oculaire.

Le numérique améliore également les résultats des exercices réalisés hors écran. “Nous nous sommes rendues compte que lorsqu’un objectif tel que la poursuite oculaire a déjà été travaillé sur la tablette, c’était beaucoup plus facile à atteindre, ils comprennent beaucoup plus vite avec la tablette.

En leur proposant de ne pas être consommateur mais acteur, elles constatent un développement de l’attention sur d’autres activités. “J’ai clairement en tête 1 ou 2 élèves que nous n’arrivions pas du tout à capter. Par le numérique, par l’écran, par PandaSuite, nous avons réussi à les rendre acteurs de quelque chose. La relation de cause à effet numérique, ils font quelque chose, il se passe quelque chose et eux en ont conscience”

Zéro formation au numérique

Elles sont aujourd’hui des ambassadrices du numérique qui n’ont pourtant reçu aucune formation au numérique durant leur cursus !

Clarisse a développé ses compétences en toute autonomie en utilisant un tableau numérique pendant 12 ans et en participant à une classe expérimentale sur les tablettes iPad pendant 2 ans. Elle “bidouillait“ déjà des outils de création tels que iBooks Creator et Explain Everything.

Des alternatives à PandaSuite ? Pas vraiment ! Powerpoint est trop limitatif et ne s’adapte pas à l’usage de la tablette. Les outils de CAA (communication améliorée et alternative) spécialisés dans le polyhandicap sont trop chers et manquent de personnalisation (Proloquo2Go… ).

Pour elles, PandaSuite, c’est l’outil accessible, facile d’utilisation et aux possibilités de création infinies !

Avec PandaSuite Studio, vous pouvez créer visuellement vos apps.
Avec PandaSuite Studio, vous pouvez créer visuellement vos apps.

Personnaliser de A à Z

Ce qui leur plaît particulièrement avec PandaSuite, c’est la personnalisation de A à Z.

C’est le seul outil qui leur permette de créer des applications pour tablettes 100% sur-mesure et sans ligne de code. “Dans le polyhandicap, notre enjeu est de coller au plus près des besoins de l’enfant. Nous ne voulons pas de templates, nous on veut partir d’une feuille blanche et créer tout ce qu’on veut.

Elles n’ont aucune recherche esthétique : “Au contraire, il faut une interface très épurée, très simple. Dans le polyhandicap la moindre petite décoration devient parasite. Nous jouons sur le contraste, la couleur… Et surtout, il ne faut pas ajouter qu’il y ait autre chose que ce dont on parle”.

Clarisse et Sonia construisent des exercices personnalisés en fonction des intérêts de l’enfant
Clarisse et Sonia construisent des exercices personnalisés en fonction des intérêts de l’enfant

Pour créer de nouvelles activités, elles s’inspirent d’un peu tout… Elles adaptent des albums de jeunesse, elles se basent sur l’intérêt de l’enfant (sa poupée préférée, des photos de famille… ), elles testent de nouvelles fonctionnalités de PandaSuite…

“Souvent on réfléchit à ce qu’on voudrait faire en réel comme par exemples les billes à mettre dans les trous. On a découvert le composant Capteur de mouvement. Pour ceux qui ne savent pas pointer et qui n’ont pas de motricité fine, faire bouger la tablette et créer des choses, c’est interessant. on s’est demandés comment ça fonctionnait et en essayant, on a réalisé un petit exercice.

Elles apprécient les possibilités infinies de l’outil et ont leurs fonctionnalités préférées : elles aiment le drag & drop pour glisser un objet et la pop-up pour travailler la cause à effet. Le composant Grattage, elles l’ont utilisé avec une élève qui ne peut pas pointer du tout. “C’était la première fois qu’elle pouvait agir, elle arrivait pas à maintenir la pression du glisser déposer.

Le “drag & drop” est ici utilisé pour faire pointer et compter l’élève.

Vers plus de créateurs

Après les succès rencontrés auprès de leurs élèves, elles se mobilisent pour partager leur expérience et leurs apprentissages au plus grand nombre.

Elles contactent leurs chefs d’établissements pour officialiser l’utilisation de PandaSuite et en parlent à d’autres enseignants. Clarisse monte le groupe de travail Polyhandicap 93 pour échanger entre enseignants et Sonia l’association Poly pop pour “apporter des solutions aux familles qui n’en ont pas, des aides humaines et techniques”.

Au croisement entre le médico-social et l’Education Nationale, elles essaient de faire bouger la montagne. “Aujourd’hui il y a une vraie prise de conscience de ce qu’apporte le numérique du point de vue cognitif et dans le poly handicap et surtout le plan moteur. Pourtant en termes de moyens ça ne suit pas, comme l’inclusion”

C’est long, mais les choses changent petit à petit.

Elles s’adressent aux enseignants et aux éducateurs spécialisés bien au-delà du handicap. Pour séduire les enseignants, elles n’hésitent pas à proposer des formations et montrent clairement les objectifs travaillés derrières les supports. Comme par exemple pour l’apprentissage de la lecture et de la conscience phonologique : “C’est possible de créer facilement un exercice personnalisé pour des petits groupes, dans lequel on associe un son à un mot référent , à une couleur Chaque enseignant peut l’adapter à ses moyens personnalisés et à ses pratiques.

Elles tentent de rassurer également “parce que quand on dit numérique on a l’impression d’y passer des heures

Selon elles, ce qui manque beaucoup à l’école ordinaire, c’est les créateurs. “PandaSuite permet d’être créateur. Nos élèves sont plutôt consommateurs parce qu’ils ne sont pas au stade de la création, mais en école ordinaire, il est facilement possible de créer ses propres applications en fonction des besoins.”

De même, les élèves peuvent devenir créateurs, en lien avec les programmes de l’Education Nationale qui intègre le codage : “Avec PandaSuite, on est dans les prémices du codage, l’outil permet de comprendre la logique”.

Ce n’est pas sans nous rappeler l’initiative du Cube “Le Labo des Applis”. Les élèves de CM1-CM2 de 5 écoles de Grand Paris Seine Ouest avaient réalisé avec PandaSuite leurs propre application mobile en lien avec l’environnement et la nature.

Voici ce projet en vidéo :

En savoir plus

Si vous souhaitez en savoir plus sur ce projet ou contacter Sonia et Clarisse directement :

Sonia Garcia : ga.sonia@gmail.com

Clarisse Cresson : clarisse.cresson@neuf.fr

Pour contacter l’association Polypop : assopolypop@gmail.com

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