mar. 6 déc. 2022

“Les infirmières de la folie”, les coulisses du webdoc sur les infirmières psychiatriques

“Les infirmières de la folie”,  les coulisses du webdoc sur les infirmières psychiatriques

Fruit de plusieurs années de recherche menée par l’Unité de recherche sur l’histoire du nursing de l’Université d’Ottawa, “Les infirmières de la folie” est un webdocumentaire sur l’histoire du nursing psychiatrique au Québec au XXᵉ siècle vue au travers de l’histoire de 3 infirmières. Les origines du projet, les challenges autour de sa production et les enjeux du format webdoc, notamment universitaire : nous avons discuté avec Alexandre Klein et Martin Bonnard, les co-concepteurs de ce projet 😊

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Alexandre Klein est historien des sciences, professeur auxiliaire à l’Université d’Ottawa et travaille sur l’histoire des sciences de la santé, notamment la santé mentale. Il a dirigé une des phases de recherche et coordonné l’ensemble des équipes autour de ce webdoc.

Martin Bonnard est chercheur post-doctoral à l’Université McGill, il est membre du Laboratoire de recherche sur les pratiques audiovisuelles documentaires (labdoc) de l'Université du Québec à Montréal. C’est lui qui s’est occupé de la création de l’interface.

Ensemble, ils reviennent pour nous sur ce projet lancé depuis 2016.

Un webdoc pour attirer et raconter

Pourquoi le format du webdoc ? C’est un format qu’ils connaissent bien tous les deux et qui s’est en quelque sorte imposé à eux pour ce projet. “On voulait raconter plusieurs histoires en même temps, sans forcément les hiérarchiser et en quittant le mode traditionnel de narration de l’histoire”.

S’adressant à une cible jeune, des étudiant‧es en sciences infirmières et en histoire, l’objectif était de trouver un format séduisant qui réponde à leurs usages numériques. “Nous voulions leur mettre à disposition des contenus assez courts et efficaces, mais pour leur donner accès à d’autre chose. Le format webdoc le permet par ses multicouche et sa structure en arborescence.”

Ce format innovant a également séduit les financeurs et leur a permis d’obtenir des fonds pour la recherche.

Ce webdoc raconte la vie de 3 infirmières (Charlotte, Emela et Rachel) sous la forme d’une série de séquences multimedia et ludiques. On y découvre des institutions telles que l’Hôpital Saint-Jean de Dieu, le plus grand asile du Québec, le petit sanatorium du Dr Prévost qui deviendra un centre neuropsychiatrique d’avant-garde et l’Hôpital Saint-Michel-Archange.

Chaque personnage a sa propre histoire d’environ 10 minutes, réalisée en cinéma d’animation. Deux de ces personnages sont fictifs, nées de la synthèse de ces recherches, le troisième a réellement existé. Au-delà de cette première couche de contenus, c’est plus de 2h de contenus historiques que l’utilisateur‧rice a librement l’occasion de parcourir pour en savoir plus sur le contexte.

Vous avez le choix de suivre l’histoire d’une de ces 3 infirmières
Vous avez le choix de suivre l’histoire d’une de ces 3 infirmières

Pour le choix de la solution technique, Martin a un cahier des charges bien précis : la plateforme doit offrir de la réactivité pour “rester toujours en dialogue avec les chercheurs et les chercheuses” et permettre une forme de bricolage pour pouvoir faire évoluer leur projet au fur et à mesure de leur découverte de l’outil.

Ils connaissaient Klynt et apprécient le côté “clé-en-main” et abordable de la solution. Par contre, l’outil n’a pas été mis à jour depuis longtemps et cet aspect les inquiète au lancement du projet. Ils ont conscience que l’un des enjeux du webdoc est son obsolescence : “De très beaux projets ayant coûté des centaines de milliers de dollars canadiens ne sont plus accessibles aujourd’hui”. Eux ont pour ambition de le faire durer dans le temps.

Par ailleurs, ils perçoivent dès les prémices du projet l’enjeu d’avoir une interface graphique et interactive pour montrer l’importance de la navigation [qui permet d’accéder aux autres histoires, aux établissements et contenus additionnels] au lieu de simplement connecter les séquences vidéos entre elles.

Ils choisissent PandaSuite et adoptent sa méthode de conception orientée sur le design : “L’avantage de PandaSuite c’est que l’outil est intégré : il y a la fois l’interface graphique qui permet de construire rapidement l‘objet et toute la gestion des plugins que Klynt n’a pas [l’outil comporte de très nombreux composants]. Le soutien de l’équipe PandaSuite a également été important tout au long du projet.

Le cloître et la prison, les webdocs de David Dufresne, Alma, Docubase (la base de données du MIT)... Alexandre et Martin ont une solide culture du webdoc et se servent de ces références pour familiariser le reste de l’équipe, leur montrer les possibilités et les limites de ce format.

Webdoc “Le cloître et la prison”
Webdoc “Le cloître et la prison”

S’agit-il d’inspirations pour leur projet ? Oui et non. Ils ne se fixent pas de cadre et se basent sur leur travail de recherche pour définir la structure, produire les médias et construire l’objet final. Pour Alexandre, “il n’y a pas un webdocumentaire, il n’y a que des webdocumentaires et ils sont toujours liés au projet selon le lieu, selon la manière dont on veut raconter l’histoire, et à qui on veut le dire.  “

La pépite de ce projet, ce sont ces séquences en cinéma d’animation. Elles sont issues d’une belle rencontre : la rencontre avec Marie-Josée Saint Pierre, cinéaste et professeure d’animation à l’Université Laval. Un groupe d’étudiants de Marie-Josée est chargé de donner vie aux personnages et incorpore ce projet dans son planning pédagogique. Produire un film d’animation ou un webdoc n’impose pas les mêmes contraintes, mais tous apprennent à travailler ensemble et à coordonner leurs démarches. Des comédiennes et un musicien prennent également part au projet pour les voix et l’environnement sonore.

Le renouveau du webdoc

Alexandre et Martin voient ce projet comme un exemple de renouveau du format webdoc.

Très en vogue au début des années 2000, au moment où les journalistes ont fait face à la crise de la presse traditionnelle, ce format a été abandonné car il coûtait cher et que de nouveaux formats ont émergé telles que les applications ou les sites web.

Mais selon eux, ce format n’a pas été suffisamment exploité : “Il n’y a pas eu tant de personnes qui se sont investies sur ce sujet et il n’y a pas eu tant de projets quantitativement”. Ce n’était également pas le bon moment pour le grand public : “C’était aussi un peu tôt dans Internet, pour que les gens soient vraiment touchés par ce format”.

Aujourd’hui, l’environnement est plus propice au webdoc, et notamment le webdoc universitaire, car ils constatent de plus en plus de demandes pour la valorisation de la recherche et la diffusion des connaissances. A la fois de la part des chercheurs mais également par des organismes subventionnaires et par les gestionnaires des universités.

Pour eux, le webdoc plaît au monde de l’université parce qu’il laisse plus de liberté dans sa conception. Il permet de faire des choses plus complexes comme ce projet, ou des expositions très simples (”un site web où on clique de tableau en tableau”) ou comme le fait Radio Canada, des pages défilantes dans lesquelles l’information apparait au fur et à mesure.

Il reste que la production d’un webdoc reste plus lourde qu’un balado [la version québecoise du podcast]. Néanmoins le webdoc reste l’outil idéal pour donner accès à des contenus visuels : “Nous avons voulu un webdoc parce que nous avions des choses à montrer, notamment beaucoup d’archives. L’archive est au coeur de ce projet.”

L’utilisateur accès aux ressources documentaires associées
L’utilisateur accès aux ressources documentaires associées

Pour aller encore plus loin, Alexandre rêve d’un webdoc dans lequel l’utilisateur aurait accès à davantage de niveaux de contenus : le résultat de la recherche en 1er niveau, le contexte en deuxième, puis les débats historiographiques et enfin en dernier niveau, les documents mêmes qui ont permis d’aboutir à ces résultats.

Ils ont conscience des opportunités qui s’offrent à eux en Amérique du Nord grâce à l’engagement des pouvoirs publics pour le numérique et grâce à la proximité des compétences au sein de l’université (”un réservoir de compétences”).

"Avant les projets de valorisation étaient horribles parce les priorités n’étaient pas mises sur l’esthétique ou sur la navigation. Pourquoi tout d’un coup les projets ont plus d’allure ? C’est notre chance en Amérique du nord, au sein de l’université, les chercheurs sont très proches des praticiens en audiovisuel, médias interactifs… ce qui permet d’aller chercher des compétences très vite.

Justement pour Martin, un tournant est entrain de se faire dans les compétences des étudiants. “Avant on formait sur de l’illustration, la photographie, le design web.. Désormais il y a de plus en plus de solutions intégrées telles que Canva ou PandaSuite, qui mettent en avant le côté graphique et pas la programmation. Les étudiants vont se former et cela va permettre de lancer davantage de projets de ce type.”

Dès cet hiver, le webdoc sera utilisé dans des classes de l’Université d’Ottawa et dans plusieurs cours de sciences infirmières. Une tournée est prévue dans les différents départements d’Histoire et de sciences infirmières au Québec pour parler du webdoc. Il est accessible gratuitement à celles et ceux qui veulent en savoir plus sur ce sujet.

Pour découvrir ce webdocumentaire : https://www.lesinfirmieresdelafolie.ca/

En savoir plus

Si vous souhaitez en savoir plus sur le webdoc “Les infirmières de la folie” voici les contacts de Martin, d’Alexandre et de toute l’équipe :

L’article de Causette sur le webdoc : https://www.causette.fr/societe/initiatives/les-infirmieres-de-la-folie-le-webdoc-qui-rend-hommage-aux-professionnelles-dans-les-hopitaux-psychiatriques-quebecois-du-20eme-siecle

Pour en savoir plus sur PandaSuite : https://pandasuite.com

 

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